“La Croisade” : un combat écologique gorgé d’espoir, d’humour et d’utopie
Comédie pleine de charme à l’aspect un peu “foutraque”, La Croisade met en scène des enfants engagés dans une lutte contre le réchauffement climatique forçant les adultes à remettre en question leur mode de vie et de penser. Ce film a été scénarisé par Jean-Claude Carrière, décédé en février 2021 et réalisé par Louis Garrel.
La Croisade raconte l’histoire de Marianne et Abel, couple parisien au mode de vie plutôt aisé, qui vont voir leurs habitudes bouleversées par les engagements écologiques de leur fils, Joseph, âgé de 13 ans. Les parents de Joseph vont découvrir que celui-ci a vendu en douce tout leurs objets de valeurs. Nous allons alors comprendre qu’il n’est pas le seul, mais que des centaines d’enfants à travers le monde se sont associés pour financer un projet tenu secret jusqu’à maintenant.
Le film de Louis Garrel met en scène le combat de jeunes enfants et adolescents lancés dans un projet à l’aspect utopiques, dans le but de lutter contre le réchauffement climatique et ainsi de sauver la planète. Il souligne avec humour le décalage entre des enfants très concernés par la crise écologique et des adultes embourgeoisés qui semblent indifférents. Dans le film, les rôles s’inversent et les enfants deviennent de jeunes adultes qui donnent des leçons à leurs parents, les poussant à remettre en question leur mode de vie.
La première partie du film se concentre sur les enfants et leur combat. On peut observer une jeunesse forcée de vieillir trop vite prenant leurs responsabilités face à l’indifférence des adultes. On assiste au passage de l’enfance à l’adolescence de Joseph qui connaît ses premiers amours, ses premières expériences sexuelles et ses premières déceptions amoureuses. Les parents semblent ici, spectateurs de la vie de leur fils et essayent alors de le comprendre, d’apporter leur aide et de trouver leur place dans ce combat qui semble les dépasser.
La seconde partie est davantage centrée sur la vie de couple de Marianne et Abel qui traversent une crise. Après la découverte de l’engagement héroïque de leurs fils, les rôles et le schéma familial se retrouvent bouleversés. Joseph suscite l’admiration de sa mère et la jalousie de son père qui peine à trouver sa place au sein de la famille. Face à des enfants surdoués portant des engagements forts, les adultes sont renvoyés face à leurs propres idéaux. Les parents perdent peu à peu leur autorité et font face à une crise existentielle en tant que parent, couple, mais aussi en tant qu’individu au sein de la société.
Dans une société où l’on peine à donner la parole aux jeunes, ce film fait du bien. Ici, les enfants sont légitimes de s’engager, de s’exprimer et d’être porteurs de messages tout en ayant le droit à l’amour, aux sentiments et à la souffrance malgré leur jeune âge.
Le scénario imaginé par Jean-Claude Carrière prend des allures de film prémonitoire parfois porteur d’angoisses dans une époque bercée par la crise sanitaire et par le militantisme de la “génération Thunberg”.
Un film destiné aux petits et aux grands, porteur d’un message fort et percutan, abordé avec beaucoup de légèreté, de tendresse et d’humour, en salles depuis le 22 décembre.
Propos de Julie Bizet
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